Le lycée Paul-Constans a accueilli en décembre dernier une résidence de création sur la thématique de l’identité, réunissant la metteure en scène Nathalie Garraud, l’auteur Thomas Gornet*, la vidéaste Camille Lorin et les comédiens Gaël Guillet, Isabelle Monnier-Esquis, Laëtitia Le Mesle* et Cécile Vitrant*. Les artistes ont investi les lieux durant 5 jours et ont questionné lycéens et personnels de l’établissement à travers des affiches et des interviews. La restitution a eu lieu dans l’amphithéâtre du lycée, réunissant pas moins de 170 spectateurs qui ont pu découvrir le texte écrit au cours de cette résidence ainsi que des extraits des interviews.
*ActeurFracas
– Vous souvenez-vous de l’âge auquel vous êtes tombé amoureux pour la première fois ?
– Combien de personnes pensez-vous pouvoir aimer tout au long de votre vie ?
– Combien de personnes peut-on aimer à la fois ?
– Y a-t-il des gens que vous vous sentez obligé d’aimer ?
– Est-ce que vous êtes amoureux ?
– Est-ce que celui ou celle que vous aimez vous ressemble ?
– Est-ce que vous croyez que l’amour rend aveugle ?
– Comment êtes-vous quand vous êtes amoureux ?
– Pouvez-vous dire une chose que vous feriez uniquement par amour ?
– Pouvez-vous dire une chose que vous ne feriez même pas par amour ?
– Est-ce que ça vous rassure d’être amoureux ?
– Est-ce que ça vous effraie ?
– Est-ce qu’on perd quelque chose quand on aime ?
– Est-ce que vous pensez que votre vie amoureuse ressemble à celle de vos parents ?
– Êtes-vous jaloux ?
– Avez-vous déjà été injuste envers quelqu’un ?
– Avez-vous déjà subi une injustice ?
– Est-ce qu’être juste, c’est simplement appliquer la loi ?
– Existe-t-il une justice sans lois?
– Une loi peut-elle être injuste ?
– La justice est-elle la même pour tous ?
– Vous êtes-vous déjà rêvé en justicier ?
– Pourquoi la justice est-elle souvent représentée par une balance ?
– De quel droit les juges nous jugent-ils ?
– Est-ce qu’il est inévitable qu’il y ait des riches et des pauvres ?
– Est-ce qu’il est juste qu’il y ait des riches et des pauvres ?
– Est-ce que vous pensez que la vérité est toujours bonne à dire ?
– Est-ce que vous mentez ?
– Qu’est-ce qui change physiquement chez vous quand vous mentez ?
– Avez-vous déjà pris du plaisir à mentir ?
– Est-ce que vous pensez que plus on a du pouvoir plus on ment, ou l’inverse ?
– Est-ce que vous pensez qu’on ment plus quand on est jeune ou quand on est vieux ?
– Quel est pour vous l’un des plus grands mensonges de l’histoire ?
– Trouvez-vous que ce soit lâche de mentir ?
– Est-ce que vos parents / vos enfants vous ont déjà menti ?
– Faut-il du talent pour bien mentir?
– Pourquoi préfère-t-on être beau que laid ?
– La beauté est-elle la même pour tous ?
– Qu’est-ce qui peut rendre beau ?
– Qu’est-ce qui peut rendre laid ?
– A quoi ressemblent les gens que vous trouvez beaux ?
– Quelle est la chose la plus belle pour vous ?
– Y-a-t-il une chose que vous êtes seul à trouver belle ?
– Est-ce qu’on peut finir par trouver une chose belle parce que tout le monde dit qu’elle est belle ?
– Est-ce que le commerce pervertit la beauté ?
– La beauté est-elle périssable ?
– Quelle est la chose la plus laide pour vous ?
– Pour vous, qu’est-ce qui est beau dans ce lycée ?
– Est-ce que vous êtes libre ?
– Comment savez vous que vous êtes libre ?
– Qu’est-ce qui vous empêche d’être libre ?
– Qu’est-ce qui vous permet d’être libre ?
– Est-ce que vous empêchez d’autres gens d’être libres ?
– Des prisons surpeuplées, est-ce que c’est juste ?
– Quelle est la chose dont on vous prive qui porte le plus atteinte à votre liberté ?
– Vous sentez-vous libre de vous habiller comme vous voulez ?
– Vous trouvez-vous beau ?
– Que trouvez-vous beau en vous ?
– Que trouvez-vous laid en vous ?
– Vous interdisez-vous de détester une personne qui vous ressemble ?
– Est-ce facile de penser librement, par soi-même et sans influence ?
– Êtes-vous toujours libre de dire ce que vous pensez ?
– La liberté d’expression peut-elle être sans limite ?
– Ne devriez-vous pas arrêter de vous sentir libre de parler quand bon vous semble?
– Obéir est-ce renoncer à sa liberté ?
– Peut-on être libre et vivre en société ?
– Est-on obligé d’être libre ?
– Est-ce que vous aimez danser ?
– Si vous, vous deviez faire une statue de la liberté, elle serait comment ?
– Est-ce que votre pensée est plus riche que vos paroles?
– La parole est-elle épuisable ?
– La parole est-elle épuisante ?
– Est-ce qu’une petite question doit être posée par une petite personne ?
– Est-ce qu’une grande question doit être écrite plus grosse qu’une petite ?
– Est-ce qu’une question sur un mur est plus dangereuse qu’un ficus un plastique dans un hall?
– Est-ce qu’une question peinte sur du papier kraft a plus de valeur qu’une interrogation écrite sur papier quadrillé ?
– De quel droit les artistes créent ?
– De quel droit les artistes s’intéressent aux spectateurs, ou pas ?
– De quel droit les spectateurs ne s’intéressent pas aux artistes, ou l’inverse ?
– Est-on obligé d’être libre d’aimer l’art ?
– Est-il utile de se poser cette question ?
– Faut-il se poser des questions ?
– Faut-il poser des questions ?
– Pourquoi poser une question dont on connaît déjà la réponse ?
– Faut-il prendre en compte une réponse qui ne répond pas à la question ?
– Est-il possible qu’une réponse devienne une question ?
– Une réponse peut-elle se cacher dans une question ?
– Une réponse peut-elle répondre à une réponse ?
– Une réponse peut-elle exister sans question ?
– Une question-réponse se questionne ou se répond ?
– La question de la réponse se questionne-t-elle ?
– Une question laissée sans réponse s’épuise-t-elle ?
– Une réponse abandonnée par sa question meurt-elle ?
En vidéo, Gaël et Thomas s’entraînent à l’exercice de l’interview. Gaël pose la question « Est-il juste qu’il y ait des riches et des pauvres ». Thomas se lance dans une réflexion sur le déterminisme social
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In situ – Lycée Paul Constans from LE FRACAS on Vimeo.
Un slash (/) à l’intérieur d’une réplique indique que la suivante doit commencer à cet endroit.
Gaël : je me sens vraiment pas bien là.
Nath : Thomas, recommence ta théorie. Ta théorie de capitaliste.
Isa : Vous voulez que j’ouvre une fenêtre ?
Tom : Attends. C’est pas ce que je disais. Je disais juste qu’on peut imaginer trouver ça normal qu’un gars issu d’un certain milieu n’arrive pas à en sortir. C’est tout.
Gaël : Tu veux vraiment que je vomisse. (…) Et tu penses que c’est dû à quoi ?
Tom : Ben je sais pas. / C’est dû à. Je sais pas. Je disais ça
Isa : J’ouvre une autre fenêtre.
Gaël : Par exemple à des discours réactionnaires comme les tiens ?
Tom : Pardon ?
Nath : C’est ça. T’es pas d’accord, Gaël. T’es pas d’accord.
Gaël : Je ne suis pas d’accord, Thomas. / Je ne suis pas d’accord.
Titi : J’ai froid
Tom : Oui ben moi non plus, en fait.
Gaël : Tu connais le pouvoir des mots ?
Isa : Je ferme la fenêtre.
Nath : Voilà. Reviens dans le questionnement maintenant. Pense à Socrate. Je le dis tout le temps aux acteurs de la compagnie. N’oubliez pas Socrate.
Gaël : Pourquoi tu dis ça, Thomas ?
Nath : Non ! Non ! Pas de « pourquoi » tout seul, comme ça ! Non ! Pas de pourquoi !
Gaël à Nath : Mais. Euh. Je ne suis pas d’accord et je reviens dans le questionnement, non ?
Tom : Je suis pas Pierre Gattaz, non plus.

Nath à Gaël : Mais pas comme ça !
Gaël : Mais comment ?
Titi : Oui. Comment ?
Isa : Et pourquoi ?
Nath : Pas de « pourquoi » ! Socrate ! Socrate ! La Spirale ! Tourne autour. Tournez autour.
Gaël : Attendez. (A Tom) Est-ce que tu voudrais faire disparaître la classe ouvrière ?
Tom : Non mais c’est quoi, ce procès ?
Isa : Je comprends pas, Nathalie. Excuse-moi mais je ne comprends pas.
Cécile : C’est pourtant simple.
Titi à Cécile : Ben forcément, toi t’es la reine des interviews.
Cécile : N’importe quoi.
Tom : Je me suis mal fait comprendre, en fait.
Nath à Tom : Non mais tu peux arrêter de tout prendre pour toi ? On fait un exercice, là. On s’en fout de pour qui tu votes, c’est pas le sujet. Ce qu’il faut chercher, les gars, c’est entrer dans la pensée de l’autre, dans son raisonnement, que ce soit pour le défaire ou le préciser.
Tom : Je suis pas un connard de droite.
Titi : C’était violent, quand même, tes propos sur les magasiniers.
Tom : J’ai un projo dans la gueule, une caméra qui me scrute, des questions mega-philosophiques que je m’étais jamais posées avant de m’asseoir sur cette chaise et je devrais être capable de raisonner correctement ?
Gaël : Effectivement. Ça ne devrait pas t’empêcher de réfléchir.
Tom : Je dis juste que les gens qu’on interviewe, on les place dans cette situation. Et voilà, je viens de la tester et je me suis senti comme un lapin dans des phares et du coup je dis des conneries.On devrait y réfléchir, c’est tout.
Isa : On n’a pas le temps. C’est vendredi, la restitution. A 14 heures, en plus.
Cécile : Attendez. Calmez-vous, là.
Nath : Les acteurs, c’est fou comme ça s’agite.
Gaël : Au bout d’un moment, je ne sais plus pourquoi je fais ça. Pourquoi je suis face à un ado et que je lui demande ce qu’il pense de par exemple la liberté représentée en balance. Ça me stresse. Je vous jure. Ça me perturbe de rentrer dans leur intimité.
Isa : Je te comprends complètement, t’as raison. Moi je suis là, face à la personne, et je creuse dans ma tête à la recherche d’une question et soit je ne trouve rien, soit j’en trouve une toute petite. Je la pose, et alors je me mets en retrait, je me vois faire, je vois mon corps se mettre à distance, comme si l’autre était un monstre.
Gaël : C’est vrai, quoi. C’est super intime la philo.
Cécile : Se questionner sur la justice, c’est pas faire de la philo, c’est simplement la base du vivre ensemble.
Gaël : Oh non. Le « vivre ensemble ». Pitié. Tout, sauf cette expression horrible.
Titi : Moi, j’ai trop peur deposer des questions connes.
Tom : Des questions du type / de celles de Gaël, quoi.
Titi : Enfin, pas connes mais des questions qui les mettent mal à l’aise. Regardez ce que ça a fait sur Thomas. Et moi, ça me crispe totalement. Je transpire, j’ai le nez qui devient rouge, j’ai envie de m’arracher les cheveux, j’ai la paupière gauche qui palpite, je fais des clins d’oeil. Je me sens nulle. J’ai l’impression qu’il faut sacrément maîtriser son sujet pour pouvoir interviewer des gens.
Nath : T’as pas besoin d’être hyper pointue sur le sujet. L’important c’est pas de savoir, c’est d’avoir le désir de savoir. Le désir. C’est ça la clef.
Cécile : Je crois, en fait, que ce que veut dire Nathalie c’est que nous devons plus prendre en compte la personne qu’on interviewe, qui est en face de nous.
Nath : C’est ça ! Mais oui ! C’est ça ! On avait écrit « Qui sommes nous ? » sur la façade du lycée et de fait on ne pense qu’à nos problèmes d’acteurs. Mais c’est les gens qui vivent ici qui nous intéressent. C’est « Qui sommes vous ? » qu’il aurait fallu écrire.
Titi : Sauf que « Qui sommes-vous ? », c’est pas français.

Cécile : J’adore ça, moi. Par exemple tout à l’heure, c’était fou de tomber sur trois ados de suite qui nous disent que c’était mieux avant, à l’époque de leurs parents. C’est dingue. Moi je pensais que des jeunes diraient que leur présent est moins naze que le passé de leurs parents.
Isa : Mais toi tu leur as parlé de la jeunesse de leurs parents comme si ils avaient fait mai 68. Mais leurs parents, en fait, ils ont nos âges. C’est nous, leurs parents.Et franchement, vous avez l’impression qu’on était plus ouverts, plus revendicatifs, plus vivants ? Qu’on était plus libres ?
Gaël : Ben je pense, oui. Mais c’était plus facile pour nous, aussi. T’as vu la pression qu’on leur met, maintenant? Je veux dire, la marchandisation du corps, les réseaux sociaux, les téléphones portables, quand même. Je veux pas jouer au vieux con mais. C’est pas rien.
Tom : Moi j’étais libre mais j’en faisais rien, de cette liberté.
Isa : C’est quoi, notre place, face à ces jeunes qu’on interviewe ? On est qui, pour faire ça ? Moi ça me dérange parce que je me sens parfois aussi jeune qu’eux. Et quand j’interviewe un prof, c’est encore pire, j’ai l’impression d’avoir douze ans. Je sais plus qui je suis moi-même, à force.
Titi : Ces questions, ça me remue, moi, ça me remue. Je crois que je commence à comprendre en quoi le « Qui sommes-nous ? » de l’entrée était subversif. Rien que de me poser la question à moi-même, « Qui suis-je ? », ça me bouleverse.
Isa : Titi, tu vas pas cautionner une censure, quand même.
Titi : Je ne la cautionne pas ou je l’excuse pas, je dis que je comprends.
Nath : Attendez. Calmez-vous. Ce qu’il faut, c’est prendre du recul.Pardon de revenir à Socrate mais. Camille, ça fait combien 2014 moins -399 ?
Camille : Quoi ?
Tom : « Moins moins », ça fait pas « plus » ?
Nath : Il y a plus de 2400 ans, en -399, Socrate est mort pour ça. Un tribunal l’a jugé et l’a condamné à mort pour ça.
Gaël : Pour quoi ? un problème de math ?
Cécile : On l’accusait de pervertir la jeunesse. (elle montre un livre)Apologie de Socrate. Platon. Tu te souviens pas de l’extrait qu’on a lu le premier jour ?
Tom : Encore une lecture.
Isa : Pour une fois qu’on peut faire un peu notre métier.
Cécile : « De surcroît, les jeunes qui spontanément me suivent (…) se plaisent à m’entendre interroger les gens, et eux-mêmes souvent m’imitent : ils entreprennent ensuite d’en interroger d’autres. Ce faisant je crois qu’ils découvrent à l’envi des gens qui croient savoir quelque chose mais ne savent que peu de choses ou même rien du tout. De là donc la colère de ceux qu’ils ont interrogés : ils se fâchent contre moi au lieu de s’en prendre à eux-mêmes et ils racontent qu’il y a un certain Socrate, la pire infection, qui corrompt les jeunes. Et si on leur demande ce qu’il fait et ce qu’il enseigne pour corrompre ainsi, ils n’ont rien à dire, puisqu’ils l’ignorent ; mais de peur de paraître dans l’embarras, ils vous débitent ce qui traîne partout contre quiconque s’adonne à la philosophie : qu’il « enseigne les phénomènes célestes et les choses souterraines », qu’il « ne croit pas aux dieux », et que « d’une mauvaise cause il en fait une bonne ». Car ils n’aimeraient pas, je pense, dire la vérité : qu’ils ont été démasqués en train de faire semblant de savoir alors qu’ils ne savent rien. Alors, comme ils sont, je crois, ambitieux, violents, et nombreux, et comme, serrant les rangs, ils tiennent contre moi un langage persuasif, ils vous ont rempli les oreilles depuis longtemps, et aujourd’hui encore, de leur violentes calomnies. »
Cécile : Et à la fin, il choisit de boire la cigüe. Il choisit la mort.
Titi : On n’a rien à craindre. La peine de mort, ça fait longtemps qu’elle a été abolie en France.
Isa : Oui bon. On va pas mourir. Mais de toute façon, moi, je suis pas Socrate. Ni Pascale Clark ou Claire Chazal. Je suis comédienne.
Nath : Bon déjà, comparer Socrate à Pascale Clark, c’est proche du blasphème
Isa : Mais je les compare pas.
Nath : Et pour être Socrate, il faudrait que tu sois tout simplement Isabelle. Avec tes questionnements, tes doutes et ton envie de savoir.
Tom : D’autant que Socrate, il savait rien. Comme toi, quoi.
Isa : Je t’emmerde.
Titi : Là où je rejoins Isa, c’est que mon métier, c’est de dire les mots des autres, pas de faire accoucher les autres de leurs mots.
Cécile : C’est joli, ça.
Nath : C’est précisément sur ce terrain qu’il faut qu’on aille. Sur le terrain de ce qu’on ne sait pas faire. Sur des sables mouvants. Des jointures de plaques tectoniques. C’est faire un pas de côté. Ça fait peur, mais c’est essentiel. Demandez à Camille. Hein, Camille ?
Isa : Bon. Je vais être la chiante qui pose LA question : mais en quoi c’est du théâtre, ce qu’on fait, dans ce lycée ?
Gaël : C’est vrai, ça. Est-ce que poser des questions dans un lycée est théâtral ?
Titi : On aurait aussi bien pu lire les questions dans les couloirs. Ou interrompre des cours, les hurler et vite refermer la porte.
Cécile : C’est ça qu’on attend de nous. Peut-être. Mais est-ce que ça a du sens aujourd’hui, de faire ça ? On n’est plus dans les années 90, quand il fallait remuer la société avec de la provoc à tous les étages. Maintenant, on est bombardés à longueur de journée de décibels, de couleurs et de rythmes binaires. Qu’est-ce que tu veux hurler quoi que ce soit dans les oreilles de qui que ce soit ?
Titi : Bon ben si il faut pas faire de provoc, on aurait pu aussi jouer un spectacle ici, dans l’auditorium.
Isa : Au lieu d’une lecture de dix minutes suivies de deux heures de vidéo.
Nath : Vous avez pas envie d’être là où ne nous attend pas ? Pour que les gens aussi se retrouvent là où ils ne pensaient pas aller ?
Gaël : Et pourquoi Thomas a pas écrit des textes, puisqu’il est auteur.
Tom : Ben. J’avais pas trop le temps / et puis
Nath : Mais non mais ça n’a rien à voir. Te justifie pas. On a dit que rien ne serait préparé avant. Un In Situ, c’est ça, non ? C’est créer pour et dans un lieu. On n’arrive pas avec nos trucs et nos réponses toute faites.
Tom : / Oui oui.
Gaël : Avoue que c’est quand même compliqué. On est comédiens et on joue pas, toi t’es metteur en scène et tu fais pas de mise en scène et lui il est auteur et il écrit pas.
Isa (montrant le texte qu’ils sont en train de dire) : Il a écrit ça, quand même.
Nath : Ok. Gaël. C’est quoi, le théâtre, sinon une situation précise – ici : des acteurs qui posent des questions – dans un contexte précis – ici : un lycée -, dans un cadre précis, à savoir une chaise face à une caméra. Et ça produit quoi ? Du doute, de la remise en cause, de la remise en jeu, des rencontres entre des êtres humains. Et c’est parce qu’il se passe quelque chose qu’on n’attendait pas que, justement, c’est intéressant et que ça crée du théâtre.
Titi : Ça me travaille, c’est vrai. Ça m’épuise. Mais ça veut dire que ça travaille.
(…)
Cécile : Vous vous souvenez de ce qu’ils disent, à peu près tous, à la fin d’une interview ?
Isa : « Wow ! Les questions ! »
Titi : « C’est tordu votre interview»
Tom : « Ouh la la la, la philo à 9h du mat » !
Gaël : Ils disent « merci », aussi, parfois.
Cécile : Exactement. Et pourquoi, à votre avis ?